Nous poursuivons le bilan climatique de l’année 2024, une année qui a révélé des changements climatiques sans précédent sur la planète. Les événements de cette année ne se contentent pas d’impressionner par leur ampleur, ils confirment également l’exactitude des prévisions formulées par les scientifiques il y a 10 ans. Cet article traite des événements marquants de 2024 et de ce que cela signifie pour nous tous.
Les ouragans tropicaux, comme de nombreux autres phénomènes naturels, se produisent généralement à des périodes spécifiques de l’année. Cependant, ces dernières années, et particulièrement en 2024, les frontières des saisons sont devenues floues et chaotiques, rendant la prévision de ces événements et la préparation à leur impact bien plus complexes.
Ainsi, dans l’Atlantique, la saison des ouragans dure habituellement du 1er juin au 30 novembre, avec un pic d’activité en août et septembre. Mais en 2024, les choses se sont déroulées différemment. La saison a débuté de manière exceptionnellement active. Entre le 28 juin et le 10 juillet, un ouragan extrêmement puissant pour cette période de l’année, nommé « Beryl », a ravagé les pays des Caraïbes, la péninsule du Yucatán au Mexique, ainsi que les côtes du golfe du Mexique aux États-Unis. Dans l’Atlantique, il est devenu le seul ouragan tropical de catégorie 4 jamais enregistré en juin, ainsi que le plus précoce des ouragans de catégorie 5 de l’histoire.
Ensuite, au cœur de la saison, en août, une accalmie inattendue a surpris les climatologues. Puis, une augmentation anormale de l’activité s’est produite : 12 des 18 tempêtes de la saison des ouragans de 2024 se sont formées après le pic habituel d’activité de la saison. De plus, 7 d’entre elles ont frappé la région après le 25 septembre, établissant un record pour cette période de l’année.
L’illustration de l’activité cyclonique au cours de la saison des ouragans tropicaux dans l’Atlantique en 2024.
Selon le AccuWeather Hurricane Tracker, le dernier mois de la saison, celui de novembre, s’est révélé particulièrement actif dans l’Atlantique. Un ouragan de catégorie 3, nommé « Rafael » (du 4 au 11 novembre 2024), et une tempête tropicale, « Sarah » (du 14 au 18 novembre 2024), s’y sont formés. Or, selon les données de la NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), généralement, on ne compte pas plus d’une tempête tropicale en novembre, et ce n’est qu’une fois tous les cinq ans qu’elle atteint la catégorie 3 ou plus.
Grâce à l’énergie fournie par un océan surchauffé, les cyclones tropicaux deviennent extrêmement puissants. Selon les dernières recherches, cette année, la puissance des onze ouragans de l’Atlantique a augmenté, et la vitesse maximale de leurs vents a grandi de 15-45 km/h. En conséquence, sept ouragans ont été reclassés dans une catégorie supérieure sur l’échelle de Saffir-Simpson, et deux tempêtes tropicales se sont renforcées pour devenir des ouragans.
Le typhon « Yagi », formé le 31 août en mer de Chine méridionale, a atteint la catégorie 5 et a frappé violemment plusieurs pays : les Philippines, la Chine, le Vietnam, le Myanmar et le Laos. « Yagi » a provoqué des précipitations diluviennes, particulièrement au Vietnam. Ces pluies torrentielles ont causé la mort d’au moins 300 personnes et fait des centaines de blessés.
Conséquences du super typhon dévastateur « Yagi », Asie du Sud-Est
Ce typhon avait un rayon externe exceptionnellement large et est resté extrêmement puissant, au niveau d’un super typhon, pendant près de 64 heures, ce qui a entraîné des destructions d’une ampleur sans précédent.
Le typhon « Kong-Rey », qui a frappé Taïwan le 31 octobre, a été le plus puissant sur l’île depuis 1996. Selon l’Administration Centrale de la Météorologie (CWA), le rayon de ses vents les plus forts, c’est-à-dire, la distance entre le centre du cyclone et la ceinture de vents maximaux, atteignait 320 km. C’est la première fois dans l’histoire qu’un typhon aussi puissant touche l’île après la mi-octobre.
Les océans réchauffés créent également des conditions qui permettent aux ouragans de s’intensifier rapidement. La rapide intensification des ouragans a des conséquences dévastatrices, en particulier pour les zones côtières, et cela est devenu un phénomène courant ces dernières années, notamment en 2024.
Une intensification rapide d'un ouragan tropical est considérée comme une augmentation de la vitesse maximale soutenue du vent de 56 km/h en 24 heures.
Les ouragans tropicaux « Helen » et « Milton » en sont des exemples marquants.
Les terrains inondés, recouverts de boue et de débris après le passage des ouragans « Helen » et « Milton » aux États-Unis
L'ouragan « Helen », avant de frapper l'État de Floride aux États-Unis le 26 septembre, est passé en seulement une journée de la catégorie 1 à la catégorie 4, et est devenu le plus puissant dans la région de Big Bend depuis le début des relevés météorologiques (1851). La vitesse du vent atteignait 225 km/h.
La tempête a dévasté six États : la Floride, la Géorgie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud, le Tennessee et la Virginie, transformant de vastes zones en zones sinistrées. En Caroline du Nord, selon le Centre National des Ouragans, « Helen » a provoqué les pires inondations des 100 dernières années. Les dégâts économiques dans l’État ont été estimés à 59,6 milliards de dollars, selon le Bureau de la gestion budgétaire de Caroline du Nord. L’ouragan « Helen » a emporté la vie de 225 personnes.
Maisons détruites par l’ouragan « Helen », États-Unis
À peine deux semaines après le passage d’« Helen » en Floride, un autre ouragan puissant, « Milton », a frappé l’État. Avant même d’atteindre la terre ferme, il a stupéfié les météorologues : l’ouragan est passé de la catégorie 1 à la catégorie 5, la plus élevée, en un peu plus de 12 heures seulement. La vitesse des vents a atteint 290 km/h. « Milton » a déclenché une série inhabituelle de tornades puissantes ainsi qu’un dangereux raz-de-marée. Les habitants de la Floride ont échappé au pire grâce à l’affaiblissement de l’ouragan avant son arrivée sur les côtes, lorsqu’il a été rétrogradé en catégorie 3, ainsi qu’à une évacuation massive et rapide de la population.
Ouragan tropical « John », qui a touché le Mexique le 23 septembre, a été un véritable cauchemar pour les habitants. Premièrement, personne n’était préparé à cette catastrophe, car les prévisions indiquaient que « John » resterait une tempête tropicale et se dissiperait rapidement après avoir atteint les côtes. Cependant, juste avant de toucher terre, il a subi une intensification rapide : une croissance explosive jusqu’à la catégorie 3 en seulement 18 heures.
Deuxièmement, quelques jours après que l’ouragan s’est pratiquement dissipé en retournant dans l’océan, il s’est renforcé de manière inattendue et a frappé à nouveau le pays. En raison de ce comportement inhabituel, il a été classé comme un « ouragan zombie ».
Le terme « zombie » désigne les systèmes cycloniques qui se dissipent, puis s'intensifient à nouveau.
Troisièmement, « John » a déversé des pluies diluviennes sur les États de Guerrero et de Michoacán. Acapulco a particulièrement souffert. Les habitants de la ville étaient désespérés : ils ne s’étaient pas encore remis de l’ouragan de catégorie 5 « Otis » de l’année précédente, qui avait causé des destructions massives. Mais selon les témoins, la situation était encore pire cette fois-ci : la quantité les pluies issues des restes de « John » a dépassé 950 mm, soit presque trois fois plus que celles de l’ouragan « Otis » (350 mm de précipitations).
Inondations catastrophiques des zones du Mexique
Il est important de noter que, dans toute l’histoire des observations, seuls trois ouragans ont touché les côtes mexicaines dans la région d’Acapulco. Deux d’entre eux, « Otis » (octobre 2023) et « John » (septembre 2024), se sont produits au cours des 14 derniers mois.
C'est une autre tendance dangereuse : les cyclones tropicaux commencent à toucher des zones densément peuplées, autrefois considérées comme protégées contre ce type de phénomène.
La grande ville portuaire de Kaohsiung, où vivent plus de 2,7 millions de personnes, est située sur la côte ouest de l'île de Taïwan, une région rarement touchée par les typhons. En octobre de cette année, elle a été frappée pour la première fois en 47 ans par un puissant typhon, « Kraton ».
« Kraton » se déplaçait très lentement, à seulement 4 km/h, ce qui a entraîné des précipitations torrentielles sur les zones touchées : jusqu’à 1 690 mm à certains endroits en seulement quelques jours. Les experts ont souligné qu'un tel volume de précipitations sur une période aussi courte est rare, même pour Taïwan, ce qui a rendu ce typhon particulièrement dévastateur.
Partie inondée de la ville, île de Taïwan
« Kraton » illustre également une autre tendance : un cyclone tropical n'a pas besoin d'atteindre la terre avec des vents maximaux pour causer d'immenses dégâts. En effet, l'une des plus grandes menaces réside dans les précipitations qu'il apporte et dans les marées de tempête, car la plupart des décès sont dus aux inondations.
En 2024, la cascade des catastrophes, c'est-à-dire, le phénomène lorsqu'un événement destructeur en suit un autre, a considérablement augmenté, transformant ces régions en zones de désastre permanent.
Cet automne, les Philippines ont été frappées par 6 typhons en moins d’un mois, entre fin octobre et mi-novembre : la tempête tropicale « Trami », le super typhon « Kong-Rey », les typhons « Yinxin », « Toraji » et « Usagi », ainsi que la tempête tropicale « Man-Yi ». Quatre d’entre eux ont frappé en seulement 10 jours.
Quatre typhons successifs ayant frappé les Philippines
Ces tempêtes ont déversé des quantités massives de pluie, provoquant d’importantes inondations. Ces catastrophes ont touché 9 millions de personnes, causé la mort d’au moins 171 individus et infligé des dommages considérables à l’économie du pays.
Même si les Philippines sont particulièrement exposées aux conditions météorologiques extrêmes et comptent parmi les pays les plus vulnérables au monde, la série de typhons de cette année a été exceptionnelle.
Le réchauffement des océans intensifie l'évaporation, saturant l'atmosphère de l’humidité. Par conséquent, la fréquence des précipitations anormales a considérablement augmenté ces dernières années.
En 2024, 27 pays de la zone tropicale de l'Afrique ont été confrontés à des précipitations exceptionnellement fortes par rapport à leurs normes historiques. Les inondations provoquées par ces pluies torrentielles ont touché environ 11 millions de personnes, causant la mort de 2 500 d’entre elles. Des millions d'hectares de terres arables ont été inondés, et des infrastructures, y compris des centaines d’établissements médicaux, ont été détruites ou endommagées.
En Europe, au cours des 25 dernières années, le nombre de fortes pluies a augmenté de plus de 50 fois.
Comparaison des quantités de précipitations intenses dans les pays européens sur deux périodes de cinq ans : de 2000 à 2004 et de 2020 à 2024
L'intensité des précipitations a atteint un niveau sans précédent.
Il n'est plus surprenant que la quantité de pluie mensuelle tombe en seulement une journée. La nouvelle réalité est devenue encore plus sévère : désormais, la quantité de pluie qui peut tomber en quelques jours, voire en quelques heures, équivaut celle qui est habituellement enregistrée sur une année entière.
En août, dans le comté de Suizhong, dans la région de Huludao de la province chinoise du Liaoning, la quantité de pluie tombée en 12 heures est celle qui est normalement enregistrée sur une année entière. Cela a été un record pour la région depuis le début des observations météorologiques en 1951.
Inondation après une pluie record en Chine
Dans la nuit du 12 au 13 novembre, la commune italienne de Giarre a reçu en seulement 6 heures presque toute la quantité de pluie annuelle, c’est-à-dire 400 mm (norme annuelle moyenne — 429,3 mm).
Du 16 au 18 avril, dans la ville de Zarabad, dans la province iranienne de Sistān et Baloutchistan, un record de précipitations pour la région a été enregistré : en 3 jours, presque quatre fois la norme annuelle de pluie est tombée, c’est-à-dire, 270 mm (norme annuelle moyenne — 70 mm).
Une telle quantité de pluie n'était tout simplement pas gérable par l'infrastructure de nombreuses régions. Bien que les gens, par habitude, accusent les services publics des conséquences, il faut reconnaître qu'aucun système n'est capable de faire face à une telle charge.
Le 19 novembre, la ville de Zikhron Yaakov en Israël a été frappée par la pluie la plus forte de l'histoire du pays (selon le directeur du service météorologique d'Israël). En quatre heures, 196 mm de pluie sont tombés, soit presque 60 % de la quantité de pluie annuelle pour la région.
Systèmes de drainage détruits par des fortes pluies, Israël
Les systèmes de drainage avaient été préparés pour les précipitations, mais ils n'ont pas pu faire face à un volume aussi anormal d'eau, ce qui a entraîné d'énormes inondations.
Le 10 août, le cyclone « Otilia » a apporté des pluies torrentielles à Saint-Pétersbourg et dans la région de Léningrad en Russie. Dans le centre de Saint-Pétersbourg, l'intensité de la pluie a atteint 19,99 mm en 20 minutes, soit trois fois plus que ce que le système d'égouts de la ville peut supporter. Selon les données de « Vodokanal », le système d'égouts n’arrive plus à traiter les eaux pluviales lorsque l'intensité des précipitations dépasse 7,2 mm en 20 minutes.
À la fin du mois d'août, au Soudan, après des pluies anormales, le barrage d'Arbaat s'est effondré, causant des dommages importants à l'infrastructure de la ville de Port-Soudan. Bien que l'on pourrait en vouloir à ceux qui étaient responsables de l'exploitation du barrage, la quantité totale de pluie ce mois-là, qui a varié entre 51 et 305 mm, a dépassé cinq fois la norme annuelle, ce qui a entraîné l'effondrement du barrage.
Inondations massives après l'effondrement du barrage d'Arbaat, Port-Soudan, Soudan
Il est particulièrement frappant de constater que ces précipitations anormales se produisent même dans des régions traditionnellement arides, y compris dans les plus grands déserts de la planète.
Dans la région de Kufra, située dans le désert libyen, le 11 août, une quantité record de pluie — 51 mm — est tombée en une heure. Cela représente 15 fois plus que ce qui tombe habituellement au cours de ce mois (la norme moyenne d'août étant de 3,3 mm).
Dans la région aride de Tibesti au Tchad, même en août, le mois le plus pluvieux, les précipitations ne durent généralement pas plus de 2,5 heures par mois, et la norme mensuelle d'août dans cette région est de 5 mm. Cependant, en août 2024, les averses ont duré plus d'une semaine.
Dans le Grand Désert de Victoria, en Australie, dans la région du lac Eyre, entre le 9 et le 12 mars, 325,4 mm de pluie sont tombés en seulement 4 jours, ce qui dépasse la norme annuelle — 316,4 mm.
Et dans le désert africain du Sahara, près de la frontière entre le Maroc et l'Algérie, les eaux de pluie ont rempli des lacs et des lits de rivières qui étaient asséchés depuis des décennies. Par exemple, le lac Iriki au Maroc, qui était sec depuis 50 ans, s'est rempli d'eau.
Le lac Iriki rempli d'eau dans le désert du Sahara
Le 7 septembre, la ville de Tagounite au Maroc a reçu 170 mm de pluie en 24 heures, soit environ quatre fois la norme annuelle des précipitations (norme annuelle moyenne — 38 mm).
Aux Émirats arabes unis, la ville d'Al-Aïn a vu tomber 5 fois la norme annuelle des précipitations en l'espace de 24 heures, soit 254,8 mm (norme annuelle moyenne — 48 mm).
Les inondations catastrophiques sont inévitables avec de telles précipitations intenses.
Une tragique confirmation de cela a été l'inondation dévastatrice en Espagne. Le 29 octobre, la ville de Chiva, dans la région de Valence, a enregistré 491 mm de pluie tombés en 8 heures, dépassant la norme annuelle des précipitations de 427 mm, ce qui a provoqué un désastre majeur : les rues de la ville étaient recouvertes de tonnes de boue et obstruées par des débris de maisons et des voitures écrasées. La catastrophe a coûté la vie à plus de 220 personnes.
Voitures écrasées et endommagées après une inondation dévastatrice dans la région de Valence, Espagne
La situation est aggravée par le fait que la quantité réelle de précipitations dépasse largement les prévisions. Dans ce cas, les inondations surviennent si soudainement que les habitants n'ont pas le temps de réagir, ne croyant pas que l'eau puisse monter aussi rapidement.
Les habitants du département de l'Ardèche en France n'ont pas pu se remettre de l'horreur qu'ils ont vécue le 17 octobre 2024 : en 24 heures, certains endroits ont reçu 700 mm de pluie.
Les torrents d'eau emportent une voiture, département de l'Ardèche, France
Dans le village de Limony, tout était calme à 9 heures du matin, mais une heure plus tard, l'eau avait monté de 2 mètres. Dans certaines maisons du village d'Annonay, l'eau montait jusqu'au plafond. Les habitants ont dû être évacués en urgence par hélicoptère.
Ce jour-là, le niveau d’alerte rouge a été déclaré simultanément dans six départements du pays — une première dans l'histoire de la région.
Depuis le 18 septembre, les pluies se sont abattues sur le nord-est de l'Italie. La ville de Faenza a été submergée si rapidement que de nombreux habitants ont dû quitter leurs maisons en urgence au milieu de la nuit en utilisant des bateaux.
Les habitants se réfugient sur le toit d'une maison après une inondation soudaine, Faenza, Italie
Les inondations ont également montré de plus en plus un caractère de cascade. Elles se succèdent, frappant la même région de manière répétée.
En 2024, le temps entre les catastrophes climatiques s'est réduit, et leur intensité a augmenté au point que la reconstruction des infrastructures et de l'économie pourrait prendre des mois, voire des années.
L'inondation en Émilie-Romagne illustre clairement cette tendance, puisque, en septembre 2024, c'était déjà la troisième inondation majeure dans la région en seulement 16 mois.
Des torrents d'eau dévalent les rues de la ville, région d'Émilie-Romagne, Italie
Les habitants étaient désespérés : à peine remis de l'inondation meurtrière de mai 2023, ils se sont de nouveau retrouvés au cœur d'une catastrophe dévastatrice.
Ces dernières années, et particulièrement en 2024, les tempêtes destructrices et les inondations dans de nombreuses régions de l'Arabie Saoudite ne s’arrêtent pratiquement plus. Bien que presque tout le territoire de ce pays soit considéré comme aride et caractérisé par un climat désertique, avec des précipitations rares qui tombent principalement durant les mois d'hiver.
Des personnes sortent de leurs voitures, fuyant une inondation soudaine, Arabie Saoudite
Les inondations perturbent la saisonnalité typique. La même tendance est observée pour de nombreux types de catastrophes, telles que les incendies, les tornades, les anomalies de température et d'autres phénomènes. Ce phénomène est abordé en détail dans la première partie du rapport annuel sur les catastrophes climatiques.
En 2024, en Chine, selon le Ministère des Ressources en eau du pays, les inondations ont commencé deux mois plus tôt et se sont avérées plus intenses par rapport aux années précédentes.
Les rues urbaines inondées, Chine
Dans le bassin du fleuve Perle, dès le mois d'avril, six inondations majeures ont eu lieu sur les rivières Beijiang, Hanjiang et Dongjiang.
Deux d'entre elles, les inondations n° 1 et n° 2 sur le Beijiang, ont été les plus précoces et les plus importantes depuis le début des observations statistiques en 1998. Les conséquences de ces inondations sont colossales: rien qu'en juillet 2024, selon le Département de la gestion des urgences de la Chine, 22,91 millions de personnes ont été affectées par des pluies torrentielles, des inondations et des glissements de terrain dans tout le pays.
La vie dans la mégapole a été paralysée en raison des fortes inondations, Chine
La Tanzanie connaît généralement deux saisons de pluies de mousson : à l'automne, de la fin octobre à mi-décembre, et au printemps, de fin mars à mai. Mais en 2024, des pluies torrentielles ont semé le chaos de janvier à mai sans interruption. Les inondations ont détruit plus de 51 000 maisons, endommagé plus de 76 500 ha de terres agricoles. Au moins 155 personnes ont perdu la vie et des centaines ont été blessées.
Les inondations prennent des proportions gigantesques, couvrant parfois d'importantes régions des pays.
Au printemps de cette année, le Kazakhstan a été frappé par une catastrophe qui a touché plus de 70 % du territoire du pays : 12 des 17 régions ont été affectées. Des centaines de localités ont été submergées, des dizaines de routes ont été détruites, et 99 800 personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers. Les crues massives ont duré près de deux mois et ont constitué les plus fortes inondations depuis 80 ans.
Une vaste région touchée par les inondations, Kazakhstan
Les inondations de 2024 ont touché 64 régions de la Russie. Plus de 49 000 maisons et plus de 98 000 terrains de jardins ont été inondés. Les crues printanières dans les régions d'Orenbourg, de Kourgan et de Tioumen ont été les plus importantes de l'histoire des observations. La république de Sakha (Yakoutie) a également été frappée par des inondations massives et très rares : l'eau est arrivée dans les villages du district de Nam, qui n'avaient pas été inondés depuis des décennies.
Maisons inondées jusqu'au toit à cause des crues printanières, Russie
Les pluies anormales qui se sont abattues sur le sud du Brésil depuis la fin avril ont pratiquement englouti l'État de Rio Grande do Sul. La tragédie a fait 169 victimes, et 800 personnes ont été blessées. Les inondations massives ont emporté des routes, détruit des ponts et provoqué des glissements de terrain à travers tout l'État. Dans la plus grande ville de l'État, des « cimetières » de voitures sont apparus. Au total, plus de 2 millions d'habitants ont été touchés, et plus de 580 000 personnes ont été forcées d'abandonner leurs maisons.
Inondation à grande échelle dans l'État de Rio Grande do Sul, Brésil
Les fortes précipitations et les inondations destructrices ne représentent qu'une partie du problème. L'énorme quantité d'eau qui imprègne le sol le rend instable, ce qui conduit inévitablement à une autre menace mortelle : les glissements de terrain. Il est impensable, mais en quelques minutes, des centaines, voire des milliers de personnes peuvent perdre la vie.
Le 21 et 22 juillet, des pluies torrentielles dans la région de Geza-Gofa, dans la zone de Gofa, région des Nations, nationalités et peuples du sud de l'Éthiopie, ont provoqué une série de glissements de terrain destructeurs qui ont fait 249 morts et plus de 15000 blessés.
Des personnes dégagent les débris après un glissement de terrain destructeur, Éthiopie
Le premier glissement de terrain a eu lieu le matin du 21 juillet, ensevelissant plusieurs maisons et laissant les habitants sous les décombres.
De nombreuses personnes sont rapidement arrivées pour les opérations de sauvetage, mais elles ont été frappées par un second glissement de terrain encore plus massif. Cela a été la cause de la grande quantité de victimes.
La situation est aggravée par l'absence totale d'équipement spécialisé. Les habitants, espérant retrouver leurs proches, ont fouillé des tonnes de terre et de pierres à l'aide de pelles, de pioches, et parfois à mains nues.
Un autre événement encore plus meurtrier a été une série de glissements de terrain survenus le 30 juillet dans la région de Wayanad, dans l'État du Kerala, en Inde. Cela a également été causé par des pluies anormalement fortes dans la région, où plus de 570 mm de précipitations sont tombées en seulement deux jours.
Lutte pour sauver des vies après un énorme glissement de terrain, région de Wayanad, État du Kerala, Inde
Les glissements de terrain se sont abattus la nuit sur des maisons avec leurs habitants endormis. Cela a entraîné un grand nombre de victimes. Selon l'administration du district, au 17 août, le nombre de morts avait dépassé 400, et plus de 150 personnes étaient portées disparues.
L'un des glissements de terrain était si puissant qu'il a obstrué la rivière Iravandjipuzha, modifiant son cours. Les eaux déviées de la rivière ont emporté le village de Chooralmala.
Le village de Chooralmala, emporté par une rivière qui a changé de cours à la suite d'un puissant glissement de terrain, Inde
Le 24 mai, vers 3 h du matin, un glissement de terrain dévastateur a nivelé le village de Yambali, dans la province d'Enga, au nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Les habitants, encore endormis à ce moment-là, ont été ensevelis vivants sous des tonnes de boue et de pierres. Le glissement de terrain a couvert une superficie d'environ 9 ha, soit l'équivalent de 12 terrains de football. L'épaisseur de la boue atteignait 8 mètres. Au total, 1 400 foyers et 7 850 personnes ont été directement touchés. Selon le Centre national de gestion des catastrophes de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, plus de 2 000 personnes ont perdu la vie.
Un énorme glissement de terrain dans le village de Yambali, province d'Enga, Papouasie-Nouvelle-Guinée
En 11 mois de l'année 2024, selon la ressource https://eos.org/landslide-blog, le nombre de glissements de terrain mortels a atteint un chiffre record de 728 cas.
Cela se voit sur le graphique, où la ligne noire représente le nombre cumulé de glissements de terrain en 2024, et les lignes grises montrent les données des années précédentes.
Graphique du nombre cumulé de glissements de terrain en 2024 et dans les années précédentes
On observe une activité anormalement élevée des processus de glissement de terrain et une augmentation significative du nombre de ces événements en 2024 par rapport aux autres années.
Tous les événements climatiques et anomalies naturelles décrits dans cet article ne sont que le début. La prévision de l'évolution future est évidente : nous devons s'attendre à un accroissement exponentiel des catastrophes, car la planète est déjà entrée dans sa phase la plus critique.
Ce qui va se passer sur notre planète dans les prochaines années est reflété dans le rapport « Sur la progression des catastrophes climatiques sur Terre et leurs conséquences catastrophiques ». Il est disponible en accès libre et contient toutes les informations : faits, chiffres, travaux scientifiques. Toute personne souhaitant comprendre plus en profondeur ce qui se passe avec notre planète peut le faire par elle-même.
Malgré la gravité de la situation climatique sur la planète, il est encore possible de changer la donne. Cependant, il est crucial de trouver et mettre en œuvre une solution efficace avant d'atteindre le point de non-retour, car dans le cas contraire, les conséquences deviendront irréversibles.
Notre planète est un système unique où les changements dans une de ses parties affectent inévitablement les autres. C'est pourquoi il est nécessaire de résoudre le problème de manière globale.
Pour surmonter efficacement la crise climatique, il est essentiel de créer les conditions favorables à la coopération internationale des scientifiques. Ce n'est qu'en unissant les efforts et les connaissances des spécialistes du monde entier que nous pourrons trouver des solutions concrètes à ce problème mondial. Il est impératif d'exprimer maintenant la nécessité d'unir les efforts de tous les scientifiques pour rechercher ensemble une issue à la crise climatique et il est crucial que chacun de nous prenne conscience de son rôle dans la formation d'une demande publique pour cette consolidation du potentiel scientifique.
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